Ça se peut (encore) que toute
Qu’est-ce qui vous tient le moral au chaud en ce moment ? Vous empêche de virer gadoue ? Le printemps qui bourgeonne timidement ? Les magnolias déjà blancs ? Le tricot ou le bénévolat ? Moi, c’est la culture sous toutes ses formes, assurément. « L’art me sauve le cul », m’a confié une amie qui fabrique des objets graphiques avec des morceaux de nature morte. Nature et culture, quoi.
C’est un peu ce que faisait l’artiste québécois surréaliste Alan Glass avec ses reliquaires mexicains, boîtiers grand format qui ressemblent parfois à des cabinets de curiosités garnis d’objets hétéroclites. Vous pouvez admirer ses œuvres au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). Mondes et merveilles, c’est un titre approprié. Je vais y retourner. Cette visite est un baume pour l’âme.
J’ai même contacté le MBAM pour dormir avec Alan (décédé en 2023). Une nuit au musée. L’idée ne vient pas de moi ; la collection compte 22 livres ; des écrivains qui ont dormi dans la Maison Anne Frank, au musée Picasso, au Panthéon, au Muséum national d’histoire naturelle, à la Pointe de la douane. Une nuit blanche pour Zeitgeist ? Ici, à Montréal, c’est non. À Amsterdam, à Paris, à Venise, à Barcelone, à Madrid, si.
Peut-être qu’à Québec on me permettra de dormir avec Niki de Saint Phalle, grande prêtresse de la liberté. L’expo arrive à grands pas au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) cet été. J’envoie ça dans l’univers : Niki et Joblo. (Promis, je me brosse les dents et je ne touche à rien.)
Oui, j’ai vu le film Niki avec Charlotte Le Bon ; une invitation criante à l’art-thérapie qui m’a donné envie de voir son travail. Niki a commencé son œuvre dans un institut psychiatrique, à la dérobée. L’art lui a sauvé le cul, elle aussi.
J’ai acheté, au MBAM, le coffret de cartes de l’artiste de performance Marina Abramović, une méthode très originale d’exercices (elle suggère de marcher à reculons avec un miroir ou t’invite à te plaindre à un arbre) pour activer ta créativité, « réinitialiser » ta vie. Je la conseille vivement à tous les administrateurs de musées.
Parfois, il faut penser en artiste pour voir le monde autrement.
C’est bien la première fois que je fais partie du 1 %. Par contre, je vais tout de même payer des impôts et je ne m’envolerai pas à bord de Space X en larguant 33 tonnes de CO2 (bien plus si........
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