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En position de voir (ou pas)

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Il m’arrive d’éviter les nouvelles qui portent sur le procès de Gilbert Rozon. Pas que le dossier ne m’intéresse pas. Mais lorsqu’on a vécu et été témoin de son lot de harcèlement et d’inconduites sexuelles dans les lieux de pouvoir, l’affaire vient ressasser des souvenirs.

Je ne m’attendais pas à être aussi dérangée par les témoignages des amis et collègues de longue date de Rozon venus expliquer cette semaine qu’elles et eux n’ont jamais rien vu, jamais rien entendu, et que l’accusé s’est toujours comporté en leur présence comme un parfait gentleman. Si ces tactiques de défense pourtant attendues sont venues me secouer, c’est parce qu’elles illustrent à merveille comment le pouvoir, la réputation, la « crédibilité » et la silenciation fonctionnent plus largement au sein la société — bien au-delà du cas de Rozon. Je m’explique.

Avant le mouvement #MoiAussi et l’utilisation des médias sociaux pour dénoncer le harcèlement sexuel, il y avait déjà les confidences que les jeunes femmes qui s’impliquaient politiquement et socialement se faisaient entre elles pour se garder en sécurité. J’ai encore en tête les noms d’hommes en situation de pouvoir — élus, conseillers politiques, lobbyistes, journalistes, porte-parole, d.g. — avec lesquels il valait mieux ne pas se retrouver dans un coin isolé de Grande Allée, d’un bar d’Ottawa, ou de l’hôtel........

© Le Devoir