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La Sécurité sociale de l'alimentation ?

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15.01.2025

La proposition de créer une branche de la Sécurité sociale, appelée Sécurité sociale de l’alimentation (SSA) est désormais dans le débat public et est même « expérimentée » dans quelques initiatives locales. Elle est théorisée par un Collectif pour une Sécurité sociale de l’alimentation et fait partie des propositions ou réflexions de nombre d’associations et de syndicats, dont la Confédération paysanne, le Réseau salariat, l’Institut Rousseau, Ingénieurs sans frontières et la Commission Écologie d’Attac.[1]

Le principe de la SSA est simple : distribuer une somme d’argent (aujourd’hui 150 euros par mois) à tous les individus. Elle est fondée sur le principe de l’universalité et sur l’affectation exclusive à des achats de biens alimentaires (par le biais éventuel d’une carte vitale alimentaire). Ses objectifs sont de permettre à tout le monde d’accéder à une nourriture convenable et de transformer radicalement le modèle productif agricole soumis au business agro-alimentaire industriel. Ses moyens seraient d’une part un conventionnement des acteurs de production et de commercialisation et d’autre part un financement par une nouvelle cotisation sociale prélevée sur la valeur ajoutée des entreprises.

Regardons les questions soulevées par cette proposition de SSA.

1. Peut-on transformer le modèle agricole par la SSA ?

L’idée est que, en partant de la consommation, on dispose d’un levier économique pour transformer l’agriculture, sous-entendu que la somme des consommations individuelles aboutira à un changement du système productif. Or celui-ci est organisé selon la logique de l’accumulation du capital, avec une dimension internationale, à la fois en termes d’exportations et d’importations de produits transformés et semi-transformés. Ce dernier élément rappelant que le changement de la consommation intérieure ne peut pas être envisagé sans prendre en compte le fait qu’il implique une transformation de la nature des échanges extérieurs.

Le modèle agricole est donc en fait un modèle agro-industriel capitaliste : les industries alimentaires dominent le marché de l’alimentation via la grande distribution. Le monde des agriculteurs, très hétérogène, n’échappe pas à l’affrontement d’intérêts contradictoires, donc à la lutte des classes. Il suffit de regarder l’affectation des subsides de la Politique agricole commune européenne pour constater leur concentration entre les mains des agriculteurs les plus riches en termes de........

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