Gouvernance et compassion ne sont pas des contraires
L’espoir a cette faculté d’être discret, mais persistant. Après le tumulte et le vacarme récents, nous avons élu un premier ministre qui semble calme, réfléchi et ancré dans le réel. Mark Carney ne crie pas. Il ne cherche pas à provoquer pour attirer l’attention. Il écoute, il réfléchit et il s’exprime en phrases complètes. Rien que cela, aujourd’hui, a des allures de grâce. Un soupir de soulagement se fait entendre.
Il est rassurant de voir quelqu’un d’aussi mesuré prendre les commandes à un moment où le monde semble si fragile. Son solide parcours en économie conjugué à sa maîtrise des risques climatiques sont peut-être exactement ce que notre époque réclame. Il y a là une possibilité rare : diriger non pas par l’ego ni par la division, mais par le soin. J’espère qu’il saura la saisir.
Mais à côté de ce soulagement, il y a aussi une tristesse quand on regarde la carte électorale et que l’on voit que le Nouveau Parti démocratique (NPD) a presque disparu. Pour beaucoup — pour tous, en fait, même quand ils ne le savent pas — le NPD n’a jamais été un simple parti. Il a été une voix de conscience.
On entend dire, à tort, qu’être canadien, c’est être un Américain avec des soins de santé et des lois sur les armes à feu. Aujourd’hui, c’est un peu comme vivre au-dessus d’un sous-sol hanté. Mais c’est plus que cela. Le Canada, bien qu’imparfait, s’efforce de conjuguer l’action bénéfique au présent. Il ne se contente pas de mots vides : son filet social contribue à réduire les inégalités. C’est pour défendre cet idéal que nous sommes montés aux barricades lorsque l’idée d’une intégration en tant que 51e État de........
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