«Go Habs Go!», c’est du québécois!
Quand la députée Ruba Ghazal déclare que « Go Habs Go ! » est « québécois » et ne menace pas le français, elle touche du doigt une vérité dérangeante : l’avenir de notre langue ne réside pas dans son immobilisme, mais dans son mouvement. Certes, ce cri de ralliement n’appartient pas au français académique, mais au cœur vivant du Québec. Et si le québécois n’est pas du français, il mérite pourtant son espace… et sa norme.
Professeur de littérature au collégial et correcteur au ministère de l’Éducation, je me pose en insurgé contre le conservatisme linguistique. Je fais la guerre à l’idéalisme pompeux qui fige les mots et les usages. Je fais la guerre à la pensée erronée de la régression langagière.
Je fais la guerre à la complexité vaine. Je me bats pour ma langue que j’aime, le québécois. Faire de la langue une police de la pensée, c’est condamner des mots à l’exclusion selon leur origine. Or, le français compte déjà des emprunts à l’anglais (et à beaucoup d’autres langues) ; il faut les accueillir et les franciser, puisqu’ils ne disparaîtront jamais.
L’orthographe et la grammaire françaises — parmi les plus ardues au monde — relèvent d’une tradition élitiste........
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