Cinq bonnes raisons de ne pas négocier trop vite
Le professeur Richard Ouellet suggère de ne pas se presser à mettre à jour l’Accord Canada–États-Unis–Mexique, car il faut du temps pour préparer une telle négociation et de toute façon la patience jouera probablement en notre faveur.
Chaque jour amène ses soubresauts dans la guerre commerciale que mène l’administration présidentielle américaine. Devant l’incertitude que provoquent les annonces intempestives de Donald Trump, plusieurs leaders politiques canadiens proposent de devancer la renégociation de l’Accord de libre-échange Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) prévue pour juillet 2026. Si cette proposition rassure peut-être une partie de l’électorat et de la communauté d’affaires, il s’agit, pour plusieurs raisons, d’une fausse bonne idée.
Les tarifs dits réciproques que Donald Trump a annoncés le 2 avril, « jour de la libération », devaient être une mesure phare de son deuxième mandat. On se rappellera qu’il a alors proclamé une nouvelle ère d’« indépendance économique » qui, disait-il, doit mener son pays à un « âge d’or ». Il faisait le pari que le protectionnisme et une certaine forme d’isolationnisme allaient relancer l’industrie américaine et rendre les États-Unis « Great Again ».
On a vite constaté les dégâts considérables que causaient les nouveaux tarifs. En plus des ripostes prévisibles de la part des autres pays et des pertes de marché pour de nombreuses entreprises, on a assisté à une rare conjoncture économique. Les cours des marchés boursiers étaient en chute libre, le dollar américain était en baisse et les taux sur les marchés obligataires étaient en hausse.
Ces signaux concomitants traduisaient un message clair : toutes les catégories d’acteurs économiques........
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