L’empathie est en berne
Le deuil le plus lourd est souvent celui des mots justes, ceux qui aident à tenir bon, ceux qui comptent pour résister.
Tout récemment, j’ai vu s’éteindre, avec une profonde tristesse, des poètes lumineux. Frankétienne à Port-au-Prince, Anthony Phelps à Montréal. Tous deux porteurs d’une parole vaillante, clairvoyante, engagée à défendre un humanisme essentiel, en ces temps où l’espérance vacille, submergée par la cruauté et la haine qui ravagent le monde.
Et nous voici privés de la lumière d’un autre phare qui s’étendait à tous les horizons de la planète. Celle d’un homme de foi profonde, pour qui l’empathie n’était rien de moins qu’un mot sacré. Le pape François partageait avec les poètes la vive éloquence, l’inspiration pugnace et savait en faire un usage émouvant face à l’indifférence, à la souffrance, à la persécution, au rejet de l’autre et à la détresse des plus démunis, aux assauts meurtriers contre les populations.
Le pape s’est éteint après avoir, jusqu’à l’extrême limite de ses forces, livré son dernier plaidoyer, à nul autre que l’actuel vice-président des États-Unis, J.D. Vance. Celui-là même qui n’a eu de cesse de se dire un fervent converti au catholicisme après un passé d’évangélique a, sans égard pour l’état critique de santé du souverain pontife, demandé qu’il le reçoive.
J.D.........
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