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Les médias face au pire

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10.04.2025

Ces dernières années, nous avons vu l’extrême droite s’imposer comme proposition politique dans la plupart des sociétés occidentales, aux États-Unis en particulier ces derniers mois.

Cette montée de l’extrême droite a besoin de ce que Michel Foucault nomme des « conditions d’émergence » pour apparaître. L’écosystème social doit offrir les nutriments nécessaires pour que ces idées germent et prennent racine. Ce vent hostile qui souffle nous charge d’un devoir : comprendre ce qui a pu laisser ces idées auparavant marginales se présenter comme acceptables.

Mon expérience en analyse de textes et de discours me permet de réfléchir aux effets de certaines formes et de certains propos sur la société. Les médias ne sont certainement pas les seuls vecteurs d’idées d’extrême droite, qui reposent sur un vaste et solide réseau en ligne. Mais comme lieux de diffusion des idées animant nos sociétés, ils ont certainement un rôle à jouer.

Mon but n’est pas de lancer des tomates ni de culpabiliser qui que ce soit. Sans le journalisme et le reportage, l’inquiétant glissement auquel on assiste et qu’alimentent les algorithmes serait encore plus prononcé. Mais les médias ne devraient pas être exclus d’une réflexion sur les processus de normalisation de certaines idées dans la réémergence contemporaine de l’extrême droite.

Pour comprendre la fulgurante montée des discours d’extrême droite, il faut s’interroger sur l’efficacité de ses passions. Cette doctrine radicale repose sur des émotions primaires, en particulier la peur et la haine dirigées envers des groupes précaires ou minoritaires (les personnes trans, les juifs, les musulmans, les « wokes », etc.). Pour produire ces émotions, des évènements anecdotiques ou faux peuvent être amplifiés et instrumentalisés.

La chroniqueuse Vanessa Destiné parlait récemment sur ses réseaux de la « loi de Brandolini ». Le « principe de l’asymétrie de la bullshit » est simple : réfuter une idée fausse demande beaucoup plus de temps et d’énergie que de........

© La Presse