Viser Le Pen, toucher les institutions
L’auteur nous rappelle que le récent jugement contre Marine Le Pen1 sera perçu par ses partisans comme politique et pourrait bien avoir comme effet d’augmenter leur rejet des institutions.
L’histoire du Rassemblement national (RN) français est l’histoire du rejet des élites françaises traditionnelles. Malgré l’entreprise de « dédiabolisation » menée par Marine Le Pen dans les dernières années, un vote pour le RN est encore aujourd’hui, aussi, un vote contre ces élites – et contre les institutions libérales et démocratiques dont elles se font les porte-voix.
Ce sont ces mêmes institutions qui ont réussi jusqu’à maintenant à lui faire barrage. Alors que le RN est arrivé en tête au premier tour des législatives de 2024, les autres partis politiques, de l’extrême gauche au centre, se sont alliés pour l’empêcher de remporter le second. Grâce à ce « front républicain », le parti a dû se contenter d’une pluralité de sièges à l’Assemblée nationale. Ses électeurs – nombreux, 10,5 millions de Français en juillet – virent dans cette alliance une autre démonstration du dédain des élites envers eux, qui confirma un peu plus leurs désirs de s’en affranchir.
C’est à la lumière de ce contexte volatil de méfiance et de défiance populaires qu’il faut comprendre les dangers politiques de la peine d’inéligibilité immédiate infligée à Marine Le Pen dans le cadre d’une........
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