Coupes budgétaires, licenciements de chercheurs, censure idéologique : le Président fragilise l’écosystème qui a fait des Etats-Unis la première puissance mondiale en matière d’innovation.

L’interview a commencé depuis une bonne quinzaine de minutes lorsque, soudain, David se fige : « J’ai oublié d’éteindre mon téléphone professionnel. » Ce salarié de la NSF (Fondation nationale pour la science) reprend après avoir éteint l’appareil : « Je ne plaisante pas, on a très peur qu’ils nous écoutent. » « Ils », ce sont ces jeunes ingénieurs embauchés par Elon Musk et chargés au nom du Doge (le département de l’Efficacité gouvernementale) de réduire les dépenses de l’Etat.

Après s’être attaqués aux…

L’interview a commencé depuis une bonne quinzaine de minutes lorsque, soudain, David1 se fige : « J’ai oublié d’éteindre mon téléphone professionnel. » Ce salarié de la NSF (Fondation nationale pour la science) reprend après avoir éteint l’appareil : « Je ne plaisante pas, on a très peur qu’ils nous écoutent. » « Ils », ce sont ces jeunes ingénieurs embauchés par Elon Musk et chargés au nom du Doge (le département de l’Efficacité gouvernementale) de réduire les dépenses de l’Etat.

Après s’être attaqués aux principales agences de santé publique, comme l’Institut national de la santé (NIH) ou les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), la Fondation nationale pour la science est leur nouvelle cible. « Ecœurant ! », « Catastrophique ! », « Ridicule ! » : David enchaîne les adjectifs cinglants pour qualifier la situation. Quelques jours auparavant, le 24 avril, Sethuraman Panchanathan – pourtant nommé par Donald Trump il y a cinq ans pour diriger la fondation – a annoncé sa démission. Cet ancien chercheur en informatique n’a pas donné les raisons de son départ soudain, mais les ordres de la Maison-Blanche de réduire de 55 % le budget de la NSF et de licencier la moitié de ses 1 700 employés pourraient bien avoir été la goutte d’eau de trop.

Dotée d’un budget annuel de 9 milliards de dollars, la NSF (l’équivalent états-unien de l’Agence nationale de la recherche) est le principal financeur de la recherche fondamentale aux Etats-Unis, avec plus de 12 000 bourses distribuées chaque année. Mais depuis l’arrivée de Donald Trump, le nombre d’attributions a été divisé par deux et plus de 400 bourses ont été annulées.

« Cela prive des milliers de scientifiques – et les étudiants qui les accompagnent – de centaines de millions de dollars essentiels à leur travail », s’offusque David. La méthode utilisée pour effectuer ces coupes a déjà été éprouvée dans d’autres agences fédérales : les employés du Doge s’installent dans les bureaux de l’institution ciblée, prennent la main sur les systèmes informatiques et utilisent des mots-clés pour faire ressortir certains programmes ou supprimer des bases de données liées à la diversité, aux femmes, au réchauffement climatique, à la désinformation, toutes les bêtes noires de la nouvelle........

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