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La cigale, la fourmi et la fin d’un monde centré sur l’Amérique

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À première vue, la fable de Jean de La Fontaine La cigale et la fourmi pourrait sembler bien éloignée des tensions commerciales actuelles. Et pourtant, dans le tumulte de la guerre économique en cours entre les États-Unis et la Chine, elle retrouve une pertinence inattendue. Elle illustre, dans un langage allégorique, une divergence stratégique profonde : l’opposition entre l’instantané et le planifié, entre le spectacle politique et la patience géoéconomique.

Depuis la fin de la guerre froide, les États-Unis oscillent entre ces deux postures. À certains moments — la reconstruction post-1945, l’architecture institutionnelle de Bretton Woods ou encore l’expansion de l’OTAN —, Washington a su jouer le rôle de la fourmi. Mais plus souvent, depuis les années 1990, c’est la cigale qui domine. Convaincue que le « moment unipolaire » allait durer, l’Amérique a chanté sa victoire sans préparer l’hiver : interventionnisme désordonné, déréglementation économique, désengagement diplomatique, puis retrait progressif des responsabilités collectives. Le réveil est rude.

Les tensions commerciales avec la Chine, relancées en 2025, ne sont qu’un épisode de plus dans cette trajectoire. Lancées en 2018 sous la première présidence Trump — et poursuivies sous celle de Joe Biden —, les premières salves tarifaires ont marqué l’ouverture d’un conflit commercial désormais structurel. Loin de constituer une rupture, elles prolongent une tendance où les États-Unis dénoncent des déséquilibres qu’ils ont eux-mêmes contribué à façonner.

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