Ça va mal à la «shop»!
Je suis le descendant d’une famille ouvrière de Saint-Henri. Cette réalité a très souvent conduit des membres de ma famille vers des emplois où le rapport de force entre le patron et l’employé était synonyme d’exploitation. Vous comprendrez que le fait d’abuser du travailleur fait monter ma tension artérielle et que son oppression me donne la nausée.
Sans les syndicats, ma famille n’aurait sans doute jamais pu aspirer à bien vivre comme elle le fait aujourd’hui. Je fais référence ici au syndicalisme ouvrier pour lequel chaque « cenne » arrachée des poches du boss de la shop était une victoire pour l’équité et l’injustice sociale. Incapables d’accéder aux postes les plus hauts et lucratifs, ils auront été des milliers de Québécois à mener cette lutte de classes pour arriver à pouvoir mettre du beurre sur leurs toasts et remplacer leur baloney par du jambon.
Nous entendons beaucoup parler ces jours-ci du projet de loi 89 du ministre Jean Boulet pour encadrer le droit de grève des travailleurs québécois.
La première question à se poser est la suivante : les syndicats qui ont fait avancer notre société contribuent-ils désormais à la faire reculer ?
Le syndicalisme, de nos jours, semble être devenu une activité aussi bien identitaire que politique. Il s’est tranquillement métamorphosé en défenseur de causes externes à son mandat premier, qui est toujours de protéger ceux qui paient leur cotisation. Prenons par exemple la Fédération autonome des enseignants (FAE), qui conteste la Loi sur la laïcité de l’État devant les tribunaux, et ce, sans l’aval de ses membres et tout en usant pourtant de l’argent provenant des cotisations de ces mêmes........
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