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La nouvelle fatigue culturelle

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14.03.2025

« Est-ce que le contenu qu’on fait, c’est de la marde ? Pourquoi nos musées sont vides ? Pourquoi nos théâtres sont vides ? […] L’argent du peuple est dilapidé ! » Ces méditations éclairées sur le financement des arts au Québec sont celles de Guillaume Jr. Abbatiello, coprésident de la chaîne Pizza Salvatoré, qui s’est exprimé dans une vidéo TikTok controversée. Devant une telle grossièreté, un tel manque de nuances, on peut être tenté de balayer ces propos du revers de la main, de prétendre qu’ils ne représentent rien d’autre que la vision bornée d’un roi de la pizza congelée. Mais je crains que cette sortie soit en fait l’expression décomplexée d’une tendance sociétale insidieuse.

Force est de constater que la vision d’Abbatiello n’est pas aussi marginale qu’on voudrait le croire. Le Québec au complet semble se désintéresser de sa culture.

En 1962, l’écrivain Hubert Aquin utilisait l’expression « fatigue culturelle » pour décrire la tentation des Québécois (Canadiens français) de mépriser, voire d’abandonner leur identité propre. Ces dernières années, par l’effet conjugué des compressions gouvernementales et d’une désertion des institutions culturelles par le public, le phénomène observé par Aquin revient en force.

Depuis des semaines, la crise qui frappe la scène artistique québécoise fait couler beaucoup d’encre. La tempête était prévisible. On en a vu les signes avant-coureurs quand rien........

© Le Devoir