La chouette et la spirale, ou comment échapper à l’éternel retour
Cher Jérémie McEwen, tu es comme moi, philosophe, essayiste et écrivain. Dans la cacophonie mondiale actuelle, on peut se demander où sont les philosophes quand le monde s’embrase. Pourquoi ce silence assourdissant alors que nos lumières n’ont jamais été aussi nécessaires ? J’ai cent fois saisi ma plume pour hurler mon désespoir. Cent fois, je l’ai reposée. Pour le respect et la dignité de notre vocation.
Car nous le savons tous deux : le philosophe doit s’abstenir de l’urgence. Comme la chouette de Minerve qui ne prend son envol qu’à la tombée du jour, nous attendons que le tumulte s’apaise pour discerner, dans l’obscurité naissante, les contours véritables de ce qui fuit et de ce qui fut. La sagesse exige cette patience. Après tout, la véritable compréhension des événements nécessite le recul qui permet de distinguer l’essentiel du contingent afin de percevoir les structures profondes qui se cachent derrière le tintamarre des apparences instantanées.
Mais ta lettre dans Le Devoir « L’espérance est un mal », publiée le 6 mars dernier — et cette phrase qui m’a frappée comme un coup : « Ils ont........
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