Repenser la solidarité sociale
Le Devoir vous invite à explorer les chemins de traverse de la vie universitaire. Une proposition à la fois savante et intime, à cueillir tout l’été comme une carte postale. Aujourd’hui, on s’intéresse aux ponts qui relient les soins et la recherche.
Dans sa récente Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lockout (anciennement le PL-89), le ministre du Travail du Québec, Jean Boulet, a invoqué la nécessité de protéger les personnes les plus vulnérables qui souffriraient particulièrement de l’absence temporaire de certains services causée par des grèves ou des lockouts. Il a déclaré vouloir protéger la population, particulièrement les personnes en situation de vulnérabilité, en donnant notamment l’exemple des enfants à besoins particuliers dans le contexte de la fermeture des classes. Bien que personne ne soit contre la vertu, la tentation est forte de percevoir dans cet argumentaire une instrumentalisation des personnes dites vulnérables, qui suscitent en règle générale peu l’attention du gouvernement. Au cours des dernières années, le gouvernement Legault a utilisé ce concept principalement pour discipliner les travailleuses et travailleurs des métiers du care et faire des gains politiques.
La conception gouvernementale de la vulnérabilité semble en effet malléable et être principalement déterminée par des intérêts économiques et le maintien d’une logique néolibérale qui valorise la responsabilité individuelle, l’autonomie et l’entreprise de soi. Cette valorisation se fait au détriment de l’éthique du care et des liens de sollicitude et de solidarité qu’elle implique et génère. L’instrumentalisation de la........
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