Pour une culture vivante, enracinée dans les territoires
Nous vivons un point de bascule. La biodiversité décline, le climat se dérègle, la démocratie vacille. Tout semble suspendu à un fil. Dans ce contexte mondial instable, il est encourageant de voir le Québec investir en culture. Ce geste envoie un message clair : la culture n’est pas un luxe, mais un pilier de notre société.
Il faut maintenant élargir notre regard sur ce qu’elle insuffle. Au-delà de son poids économique ou identitaire, la culture façonne nos manières d’habiter, de comprendre, de tisser du lien. Elle mérite un ancrage profond dans nos vies et nos territoires.
Pourtant, dans le milieu culturel, on observe l’érosion des terrains de création, l’emprise des logiques productivistes, la fragilité des espaces communs. Depuis plus de 20 ans, je travaille dans le milieu artistique, attirée par ce qui naît en marge, là où d’autres récits émergent. J’ai vu l’art déplacer les a priori, ouvrir les esprits. La culture relie, transforme, ouvre des horizons où l’imaginaire collectif peut encore respirer. Partout, des créateurs résistent, donnent à voir l’invisible, inventent d’autres possibles.
Face à l’adversité, il faut réapprendre à imaginer, à créer, à produire et à diffuser autrement. L’art ne peut plus être enfermé dans une logique où sa valeur se mesure en billets vendus, une marchandise régie par l’offre et la demande. Cette vision arrive au bout du balancier. La culture doit redevenir un espace de sens, une agora où l’on se relie à l’autre, invoque le passé, s’incarne dans le........
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