Le Canada à l’école du Québec
Il se passe quelque chose de très intéressant présentement au Canada anglais. Il est fascinant d’y observer les réactions aux menaces en provenance des États-Unis et à la peur qu’elles suscitent. Directement ou non, un discours tout neuf se fait désormais entendre au sujet du Québec. En voici quelques exemples.
Une redéfinition identitaire. On insiste pour faire comprendre aux Québécois qu’ils sont de vieux partenaires fidèles et qu’ils devraient se sentir bienvenus au Canada. L’histoire, en effet, n’a-t-elle pas forgé une appartenance et une mémoire communes ? Elles devraient servir de base à un Canada nouveau, plus uni, plus fraternel même.
Un néonationalisme. Nous croyions savoir que le Canada avait rejeté les oripeaux ringards de la nation avec toute sa symbolique chauviniste, xénophobe, revancharde et chagrine incarnée par le Québec. Souvenons-nous du discours trudeauiste qui faisait écho à un courant intellectuel très influent depuis le début du siècle. En gros, le pays avait accédé à l’ère avant-gardiste du postnationalisme, prenant ainsi la tête d’un grand mouvement libérateur.
Le voici maintenant qui fait marche arrière. Le pays redécouvre les vertus de la nation comme terreau de solidarité. Et pour ne pas être en reste, il se drape désormais dans un nationalisme (appels à la fierté, au Canada d’abord, à un Canada fort…) qui se double, en économie, d’un projet de production locale. On voit aussi resurgir la vieille idée de la supériorité morale canadienne sur les États-Unis, une idée qui n’est du reste pas sans fondement : le Canada s’avère plus pacifique, plus tolérant, plus égalitaire et moins violent que son voisin…
La........© Le Devoir
