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Affamer Gaza délibérément

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09.05.2025

« Nous découvrons tous tôt ou tard dans la vie que le bonheur parfait n’existe pas, mais bien peu sont ceux qui s’arrêtent à cette considération inverse qu’il n’y a pas non plus de malheur absolu. Les raisons qui empêchent la réalisation de ces deux états limites sont du même ordre : elles tiennent à la nature même de l’homme, qui répugne à tout infini. »

Primo Levi a cette réflexion renversante dans Si c’est un homme, son célèbre récit de survivant d’Auschwitz.

« Ce qui s’oppose, c’est d’abord notre connaissance toujours imparfaite de l’avenir ; et cela s’appelle, selon le cas, espoir ou incertitude du lendemain. C’est aussi l’assurance de la mort, qui fixe un terme à la joie comme à la souffrance. Ce sont enfin les inévitables soucis matériels, qui, s’ils viennent troubler tout bonheur durable, sont aussi de continuels dérivatifs au malheur qui nous accable et, parce qu’ils le rendent intermittent, le rendent du même coup supportable. »

Le récit de Levi se déploie avec une froideur descriptive qui en fait toute sa force : en expliquant en menus détails les tracas qui accaparent l’esprit d’un prisonnier d’un camp de la mort, il nous montre le rétrécissement de la pensée et la transformation psychique des humains face à leur anéantissement planifié.

Il en arrive à ce constat profondément contre-intuitif pour quiconque n’a pas survécu à un tel régime d’horreur : « ce sont justement les privations, les coups, le froid, la soif qui nous ont empêchés de sombrer dans un désespoir sans fond, pendant........

© Le Devoir