C’est la valeur du mot «humanité» qui se joue ici maintenant
Le 8 mars dernier, je me suis taillé un manteau et un foulard dans l’emphatique cravate du mec Donald puis j’ai rejoint la rouge manif organisée par le collectif Mères au front. Trois choses m’ont fait du bien. Utiliser mon corps pour protester. M’émouvoir de la grandeur des femmes qui partageaient leur journée — encore si nécessaire — avec l’humanité tout entière. Et ces mémorables huit minutes de silence…
Dans l’actuel tintamarre, à mi-chemin entre le bruit des bombes et la foire aux bestiaux, se tenir debout yeux clos, immobile, au milieu d’une foule tout aussi debout et silencieuse, apporte, mieux que bien des discours, un profond sentiment de force, de puissance, d’espoir. Si vous voulez mon avis, dans une époque aussi bruyante, bavarde et menteuse, la minute de silence est complètement dépassée ; elle ne fait plus le poids. Le silence et ce qu’il contient ont visiblement besoin de huit, dix, douze minutes pour advenir vraiment et être ressentis collectivement. Au milieu de mes voisins rougeauds, sur la venteuse terrasse Dufferin, vibrait en moi cette vérité simple qui cherchait les mots exacts de Frida Kahlo pour dire qu’être invincible, ce n’est pas gagner chaque fois ; c’est ne jamais abandonner.
Ils nous auront toujours en face d’eux, niant leur grandeur.
Toujours.
Qui ça, nous ?
Le plus large des nous possible…
Car nous sommes de droite, nous sommes de gauche, nous sommes avant-gardistes ou amoureux de la tradition, innombrables de tous bords, tous côtés à nous sentir trahis, muselés, méprisés. En vérité, si nous cessions de nous exclure pour des différences qui ne nous y........
© Le Devoir
