Gaza, ou l’effondrement de l’ordre moral
La situation à Gaza est indescriptible, mais nous devons continuer à essayer de dire la vérité, parce que le silence est synonyme de complicité et que le renoncement n’est pas une option. Car si nous ne parlons pas, le silence enterrera la vérité.
Ce que les équipes humanitaires voient — et ce que la population de Gaza vit — n’est pas seulement une crise. C’est un effondrement. Un effondrement de la survie de base, de la dignité, de l’ordre international. Les gens mangent de la nourriture pour animaux. Ils font bouillir de l’herbe. On entend dire que des familles abattent leurs chevaux — ce qui est inimaginable dans notre culture — juste pour nourrir leurs enfants. Nous avons vu des gens attraper des tortues dans des eaux contaminées par les égouts. Il ne s’agit pas d’images symboliques. Il s’agit de la vie quotidienne.
Même dans ma propre famille, mon beau-frère m’a dit que les enfants sont étourdis presque toute la journée — non pas parce qu’ils sont malades, mais parce qu’ils ont faim. C’est dire à quel point la situation est grave.
Nous parlons d’une population qui est affamée, déplacée de force et bombardée en même temps, et à qui l’on dit qu’elle devra peut-être faire la file pour obtenir de la nourriture dans des zones clôturées gérées par des entreprises militaires privées.
Ce n’est pas de l’aide humanitaire. C’est la militarisation de l’aide, et les organisations humanitaires — agences........
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