« Retourne dans la cuisine ! »
À Washington comme dans les classes de nos écoles, on assiste ces jours-ci à une glorification inquiétante d’une forme de masculinité hostile, qui s’en prend notamment aux féministes. Le féminisme défend pourtant l’amour, plaide Martine Delvaux à la veille du 8 mars.
Quand je suis arrivée au Québec dans l’après-coup du féminicide du 6 décembre 1989, après avoir étudié aux États-Unis, nous étions en plein ressac.
L’essai de Susan Faludi Backlash, paru aux États-Unis en 1991, décrivait une guerre innommée contre les Américaines. Les femmes étaient reléguées vers les marges politiques, on leur retirait les dossiers qui jusque-là leur avaient été confiés au même titre que les hommes. On les renvoyait, petit à petit, dans l’espace domestique. D’où la fin symbolique du film Thelma & Louise : au terme de la cavale, s’envoler au-dessus du Grand Canyon et choisir d’y mourir, au lieu de croupir dans une prison. Quelle qu’elle soit.
À travers ces années de ressac et depuis, les féministes n’ont pas cessé de travailler. Chercheuses et militantes pour les droits des femmes et des personnes trans et non binaires, contre la suprématie blanche et la misogynie racialisée, contre toutes les phobies et pour une lecture systémique de la société.
Mais nous voici, aujourd’hui, en pleine manosphère. En pleine revirilisation politique.
Andrew Tate vient d’atterrir en Floride, libéré de son assignation à résidence en Roumanie grâce à des pressions faites par l’administration Trump, prêt pour une partie de golf à Mar-a-Lago.
De fait, chez ces voisins-amis qui menacent de nous envahir (la géopolitique a des allures de violence conjugale…), la masculinité domine. Des hommes, pour la plupart blancs, milliardaires, non élus (à l’exception de celui qui se trouve à la tête du pays), se sont installés à la Maison-Blanche, aux côtés des quelques femmes de droite en série qui se font........
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