Aux yeux de plusieurs pays du Sud, le transactionnalisme de Trump ne fait que dévoiler le vrai visage de l’Amérique, observe Georges Mercier

Alors même que plusieurs célébraient dans les années 1990, la « fin de l’histoire », un important débat fit rage en Asie autour des « valeurs asiatiques ».

Ce débat, qui complexifiait l’annonce d’une victoire décisive de la démocratie libérale, nous aide aujourd’hui à comprendre les attitudes surprenantes et dangereuses de plusieurs pays non occidentaux face au retour de Donald Trump.

Lee Kuan Yew, ancien premier ministre de Singapour, en cristallise les termes : alors que les pays occidentaux, et d’abord les États-Unis, seraient foncièrement individualistes et feraient primer les droits politiques sur les droits sociaux, les pays asiatiques seraient plutôt collectivistes et préféreraient les droits économiques aux droits politiques.

Très sommairement, l’Amérique préférerait garantir à un individu sa liberté d’expression plutôt qu’un ventre plein, alors que les pays asiatiques préféreraient garantir à leurs citoyens des ventres pleins, même si cela passait par une restriction des droits politiques.

Derrière ce débat général sur les valeurs se trouvait un enjeu très concret : celui du développement économique. Afin de se développer, un État pouvait-il brimer les droits individuels et politiques de ses citoyens ? Si la plupart des États asiatiques, et Singapour au premier chef, répondaient que oui, le libéralisme porté par les États-Unis triomphants prônait que non. Et c’est ici que le bât blessait : non contents de laisser les États asiatiques se développer........

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