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« Wikipédia n’a jamais été autant en danger » : derrière l’offensive du magazine Le Point, la bataille idéologique fait rage

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03.03.2025

Dans la même veine qu’Elon Musk aux États-Unis, l’hebdomadaire le Point et diverses personnalités françaises s’attaquent à l’encyclopédie en ligne, accusée à tort d’être biaisée par un point de vue de gauche ou « wokiste ». Une offensive inquiétante.

Le Point n’est pas content. Mi-février, l’hebdomadaire découvre que la page Wikipédia qui lui est consacrée a été modifiée. En cause, un chapitre sur le « tournant populiste » du magazine après 2015, accusé d’ouvrir ses colonnes à « une forte composante islamophobe et anti-écologiste ».

Trois jours plus tard, le Point réplique par un papier au vitriol contre Wikipédia, en général. L’encyclopédie y est accusée des pires maux : « Entre-soi, absence totale de contradictoire, sélection partiale des données, inversion accusatoire, effet de meute, élimination arbitraire des informations discordantes. » Une charge que le Point avait déjà développée dans un article du 13 décembre dernier.

Cette critique infondée, se basant sur une poignée d’exemples isolés, s’inscrit dans un contexte international de dénigrement de la plateforme, jugée trop à gauche, trop « wokiste ». Le milliardaire américain Elon Musk est en guerre contre cette dernière qu’il accuse d’être « un prolongement de la propagande des « legacy media » ». Des médias traditionnels qui servent de sources principales à l’encyclopédie et que Musk accuse de désinformation, leur préférant la « liberté d’expression » des utilisateurs de X.

« Les attaques contre Wikipédia sont récurrentes concernant des personnes vivantes ou des entreprises mécontentes des contenus qui les concernent, relate Jeanne Vermeirsche, doctorante en sciences politiques et autrice d’une thèse sur les liens entre la plateforme et les militants politiques. Ce qui change c’est l’ampleur des attaques : un milliardaire, un hebdomadaire national et des personnalités qui disposent d’un relais médiatique important… »

La chercheuse y voit le stigmate d’un débat public qui, de manière générale, se déporte vers l’extrême droite. Des contenus vus comme neutres il y a quelques années sont désormais jugés trop à gauche, tandis que des pages qui peuvent effectivement souffrir d’un biais idéologique – car cela peut exister, du moins temporairement avant modération – sont montées en épingle dans un contexte de diabolisation........

© L'Humanité