La science et la technologie façonnent l’évolution des sociétés par la création de connaissances et l’introduction d’innovations qui bouleversent les modèles existants (Schumpeter, 1942 ; Freeman et al., 1992 ; Millar et al., 2018). Les secteurs public et privé contribuent tous deux à la production de nouvelles connaissances, même si l’objectif est assez différent. Alors que le secteur public est censé consacrer ses efforts principalement à la mise à disposition à l’ensemble social de connaissances, le secteur des entreprises se concentre davantage à la transformation des connaissances en innovations en introduisant de nouveaux produits, processus et services sur des marchés concurrentiels. Ces dernières années, l’expansion sans précédent du numérique et une série de crises – la crise financière de 2008, la pandémie de grippe aviaire, la guerre en Ukraine – ont relancé le débat sur la manière dont les États devraient agir sur la scène mondiale.

Dans ce contexte en évolution, le concept de souveraineté technologique a été utilisé comme un moyen de répondre à la faible résilience systémique et de réduire la dépendance à l’égard de tiers pour les produits et services clés de l’économie. Certaines technologies semblent revêtir une importance stratégique cruciale pour résoudre des problèmes sociétaux à l’échelle mondiale et nationale (ci-après dénommées « technologies critiques »). Ces technologies critiques comprennent, sans s’y limiter, celles dans le domaine des technologies numériques (par exemple, l’informatique quantique, l’intelligence artificielle, la blockchain) ; les technologies liées à la sécurité (par exemple, la cybersécurité, les technologies militaires et aérospatiales) ; les technologies propres (par exemple, le stockage de l’électricité et de la chaleur, les carburants renouvelables, les technologies pour l’extraction et le traitement durables des matières premières essentielles) ; et les technologies de la santé (par exemple, les........

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