Newspace : la souveraineté par l’innovation
Nous sommes souvent gouvernés par nos émotions lorsque l’on se met à réfléchir à certains phénomènes économiques que l’on associe à des noms, des réputations – et l’on en perd nos capacités d’analyse ! Ainsi, le fait que l’entrepreneur à l’origine de NewSpace soit Elon Musk influence grandement notre jugement non pas sur cette personne mais sur précisément le phénomène NewSpace. Or NewSpace a été un instrument essentiel de gains significatifs de souveraineté technologique par les Etats-Unis et c’est fondamentalement un projet d’entrepreneur et d’innovation.
Pour bien le comprendre, on peut remonter rapidement le fil de l’histoire de la conquête spatiale. Celle-ci est dominée dès l’origine par un modèle économique, ou plutôt anti-économique, que l’on pourrait appeler le modèle du « quoiqu’il en coûte ». Il s’agissait notamment pour les Etats-Unis d’assoir leur prestige et leur puissance en gagnant la course à la lune contre l’empire soviétique au temps de la guerre froide. Pour l’emporter, il fallait développer les technologies adéquates le plus rapidement possible et donc préserver l’ensemble du projet des contraintes (et des opportunités) de l’économie. Il est intéressant d’analyser les institutions économiques de l’époque – véritables marqueurs de ce modèle : les contrats entre la NASA et les fournisseurs (les fameux cost fixed fees qui engagent la NASA à couvrir tous les coûts quel que soit les montants et à accorder un profit en cas de réussite), la structure de marché dominante (monopsonistique-oligopolistique) et l’absence de concurrence entre les fournisseurs (car il serait bien trop coûteux d’en changer en cours de route). Le monde spatial est alors un monde un peu irréel où tout est possible puisque les coûts n’ont pas vraiment d’importance ; les dérapages sont acceptés tant que les délais sont tenus et les performances accomplies.
Dans ce cadre, les préférences du consommateur unique (la NASA) sont rendues explicites pour chaque produit ou service et un seul vendeur est désigné, qui doit se conformer strictement aux prescriptions de l’acheteur. Toutes les transactions sont prédéterminées pour assurer le développement et la livraison des technologies à n’importe quel coût et dans un délai bien spécifié. En dépit de son pouvoir de monopsone et même si la NASA emploie des experts du domaine pour déterminer les besoins et contrôler les commandes, elle ne peut assurer qu’elle achète rationnellement comme ce serait le cas sur un marché concurrentiel. A cause de cette opacité, les vendeurs n’ont aucune incitation à minimiser les coûts ; ce qui, d’ailleurs, n’a pas d’importance. Enfin, l’espèce de verrouillage technologique qui assure à chaque vendeur une position permanente et presque imprenable pour une certaine transaction n’incite pas........





















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