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Le Gouvernement français a-t-il abandonné la lutte contre la pauvreté ?

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01.07.2025

En réponse au dérapage budgétaire de ces dernières années, le gouvernement Bayrou a érigé le redressement des comptes publics et le respect des engagements pris au niveau européen au premier rang de ses priorités, justifiant par le même biais des coupes budgétaires drastiques et très mal ciblées.

Mais à l’image des chiffres de la dette française, ceux de la pauvreté ont également dérapé de manière alarmante ces dernières années. Alors que la pauvreté recule en Europe, elle atteint des niveaux inédits dans notre pays, qui manque à ses engagements pris au niveau européen en matière de réduction de la pauvreté. Mais à la différence de ceux budgétaires, ces objectifs sociaux demeurent peu connus du grand public. Alors que la France s’en éloigne, cette moindre attention semble autoriser le Gouvernement à ne pas présenter de nouvelle trajectoire pour corriger le dérapage des chiffres de la pauvreté.

Ce deux poids deux mesures interroge. L’urgence budgétaire est-elle plus importante que l’urgence sociale ? C’est oublier que la pauvreté et les inégalités minent les fondements de notre cohésion sociale et de notre démocratie[1].

Source : Eurostat (2025)[2]

Les engagements pris par la France au niveau européen en matière de réduction de la pauvreté manquaient déjà d’ambition

Par le biais de la Déclaration de Porto et de son adoption par les chefs d’État en 2021, l’Union européenne (UE) s’est dotée de trois objectifs pour guider la mise en œuvre du Socle européen des Droits Sociaux — le cadre de référence sur lequel repose le volet social du Marché Unique. Alors que les deux premiers portent sur l’emploi et la formation, le troisième concerne la pauvreté : d’ici 2030, l’UE s’est engagée à réduire le nombre de personnes en situation de pauvreté d’au moins 15 millions, comparé à 2019, dont au moins 5 millions d’enfants. Pour contribuer à cet objectif européen, les États membres ont également été invités à établir des objectifs nationaux de réduction de la pauvreté ; un appel auquel la France a répondu en s’engageant à réduire d’1,1 million le nombre de personnes pauvres, dont 300 000 enfants, d’ici 2030[3]. Au niveau européen, le risque de pauvreté ou d’exclusion sociale est l’indicateur utilisé pour suivre l’évolution de la pauvreté. Il prend en compte le revenu mais également l’accès à une liste de biens et services essentiels à la vie de tous les jours et à l’emploi.

Si un tel objectif national ne découle pas d’une obligation légale européenne à proprement parler, il demeure essentiel au regard du droit national. Le Préambule de la Constitution de 1946, qui fait partie de notre bloc de constitutionnalité, consacre le principe de la sécurité matérielle garantie à tous[4]. De plus, l’article L115-4-1 du Code de l’action sociale et des familles dispose que le Gouvernement définit un objectif quantifié de réduction de la pauvreté, auquel pourrait correspondre l’engagement pris au niveau européen. Néanmoins un certain flou demeure quant à son........

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