Trump le producteur
« Retour du protectionnisme » ; « guerre commerciale » : à lire les articles consacrés à Donald Trump depuis sa prise officielle de pouvoir, le 20 janvier dernier, les commentaires sont centrés sur la question commerciale.
Il s’agit ici d’une erreur conceptuelle majeure : depuis 2016, pour Trump, la première question, politique comme économique, a toujours été celle de la production.
Etes-vous un producteur, ou un consommateur ?
L’année 2016 vit la victoire du « Yes » au referendum tenu au Royaume-Uni concernant la sortie de ce pays de l’Union européenne, et l’élection surprise de Donald Trump à la Présidence de la première puissance économique et militaire mondiale.
Dans ces deux pays, les deux campagnes victorieuses avaient joué sur l’opposition centrale, qui découle du libre-échange, entre producteurs et consommateurs. La théorie économique standard du libre-échange, issue des travaux de David Ricardo (1817), ne s’intéresse qu’aux consommateurs. Elle leur promet, à juste titre, des gains de bien-être importants : produits nombreux et variés, provenant au plus faible coût possible de toute la planète.
Mais cette théorie se désintéresse des « perdants de la mondialisation », comme ces anciens ouvriers d’usines que leurs dirigeants délocalisent vers d’autres pays à plus faibles coûts de main-d’œuvre. Dans le cadre de la théorie, les gains de pouvoir d’achat effectués par les consommateurs sur leurs achats venant de l’étranger permettraient de « compenser les perdants », par exemple en leur versant des allocations chômage.
Mais voilà : à supposer même que cette compensation soit possible – quel montant pour vous dédommager de vivre dans une région désertée par les entreprises ? –, le fait est qu’elle n’a pas lieu. Tandis que cadres, ou fonctionnaires, ou encore personnes retraitées, bénéficient des baisses de prix permises par la........
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