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Gagner le Bol d’Or, à quel prix?

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Imaginez un coach de hockey mineur qui entraîne des gars de 14, 15 ou 16 ans. S’il n’y a pas six buts d’écart, le tiers des jeunes ne jouent pas. Pas une seconde. En séries, quelques joueurs ne touchent pas à la glace.

Cet entraîneur ne pourrait plus rentrer dans un aréna au Québec sans se faire lyncher.

Au football scolaire secondaire, pourtant, c’est comme ça dans plusieurs écoles. C’est généralisé. Pas seulement dans la meilleure des trois divisions québécoises.

Autrement dit, il y a dix, vingt et même plus de joueurs par équipe qui ne jouent jamais si c’est serré. C’est comme ça. Rien n’empêche ça, et tout est beau. Et ce, même si les joueurs ont autant de chances de gagner à la loto que de gagner leur vie dans le football.

C’est un sujet extrêmement sensible. «Tu t’attaques à un monstre Jean-Nic!» m’a lancé un ancien coach.

Ça aurait rendu ma vie beaucoup plus paisible de ne pas faire cette chronique. Mais, je crois que tout ça mérite une réflexion. Je ne me suis pas levé un beau matin en voulant m’en prendre au football scolaire. Mais des gens m’ont interpellé sur cet enjeu: beaucoup de parents et des coachs de football. C’est un monde que je connais aussi.

Je suis peut-être trop socialiste. Beaucoup de gens m’ont dit que c’était bien normal que des jeunes de cet âge-là ne jouent presque pas. Qu’ils seront fiers à la fin de leur saison s’ils gagnent, mais n’ont pas eu un rôle à jouer. Que c’est de l’élite. Qu’ils savent dès le début de l’année qu’ils risquent de ne pas jouer. Que c’est clair. Qu’il n’y a pas de surprise. Que les jeunes se développent même s’ils ne jouent presque pas, car ils apprennent des valeurs importantes comme la discipline, l’esprit d’équipe, l’engagement, le don de soi, etc.

Cette opinion est aussi valable que la mienne. Mais je suis en profond désaccord.

Je peine à croire qu’un jeune qui n’est jamais sollicité à avoir un impact dans le succès de son équipe puisse en ressortir avec une estime de soi élevée. Je crois qu’à force de lui dire qu’il a un rôle important dans l’équipe, il se met à le croire. Et un jour, il réalisera que le fait de ne pas jouer quand ça comptait était ce qui aidait l’équipe.

S’il y en a un qui est condamné à gagner, c’est bien le plus grand entraîneur de l’histoire du football universitaire canadien,........

© TVA Sports