Comment Javier Milei transforme l’Argentine
En matière économique, Javier Milei s’efforce de mettre en œuvre un programme ultralibéral qui se traduit par une réduction a minima du rôle de l’État et dont les effets plongent les classes les plus vulnérables dans la pauvreté. Dans le même temps, sur le plan sociétal, il tient fermement une ligne très conservatrice, se montre compréhensif à l’égard de la dictature qui a dirigé l’Argentine de 1976 à 1983 ; et au niveau international, il se détourne de l’ONU et aligne son pays sur les quelques rares États qui incarnent à ses yeux « les valeurs occidentales traditionnelles ».
Le 10 décembre dernier, Javier Milei a célébré sa première année au pouvoir, se félicitant des succès macroéconomiques qu’ont engendrés ses réformes – des réformes soutenues par les grands chefs d’entreprise du pays, les institutions financières internationales, les marchés financiers, les agences de notation et certains gouvernements étrangers.
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Toutefois, pour évaluer pleinement l’impact de ses actions, un panorama plus global s’impose. Il convient d’examiner l’ensemble du bilan de la première année de Milei à la tête du pays dans tous les domaines principaux, de l’économie au social en passant par les droits humains, la démocratie ou encore les relations extérieures.
C’est en s’affichant comme un outsider anti-système et en déployant une critique acerbe à l’égard des partis traditionnels et des élites politiques du pays que Javier Milei, leader du parti La liberté avance, a remporté l’élection présidentielle de 2023. Une stratégie de campagne semblable à celles qui avaient porté au pouvoir Donald Trump (en 2016) ou Jair Bolsonaro (en 2018) dans leurs pays respectifs. D’ailleurs, le discours populiste de Milei sur sa volonté de combattre la « caste » (élite) ou les « curros » (mécanismes d’abus et de corruption) du système a fait écho à celui élaboré en 2016 par Trump sur son intention d’« assécher le marécage » (drain the swamp) de Washington.
Milei s’est également présenté comme un anarcho-capitaliste, une étiquette qui traduit son désir d’une société argentine dénuée d’État et où les échanges économiques et les droits individuels seraient assurés par un marché libre. C’est la raison pour laquelle il a fait campagne avec une tronçonneuse à la main, symbole de sa détermination à éradiquer les « abus de la caste », à réduire le rôle de l’État à son strict minimum ainsi qu’à « déraciner » la bureaucratie et les structures gouvernementales, qualifiées d’« encombrantes » et de « corrompues ».
Il a proposé un programme de campagne ultralibéral – inspiré des politiques du gouvernement Menem des années 1990 – promouvant des mesures chocs comme une réduction massive des dépenses publiques et des impôts, la dollarisation de l’économie et la suppression de la banque centrale, une diminution des aides sociales, une privatisation généralisée des services publics (y compris la police, la justice et la défense nationale) ou encore une déréglementation massive des marchés, y compris celui de........
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