Agents intelligents : quand 2025 réactive un imaginaire vieux de trente ans
La célèbre formule de Tancrède Falconeri dans le Guépard, « Il faut que tout change pour que rien ne change », peut-elle s’appliquer au monde de la tech ? En matière d’agents intelligents, si le contexte se modifie, les imaginaires persistent. Mais l’utopie d’hier est en train de se réaliser aujourd’hui.
« En vous connectant à votre ordinateur, vous voyez une liste de messages électroniques triés par ordre d’importance par votre assistant numérique personnel (PDA). Une liste similaire d’articles d’actualité vous est ensuite présentée ; l’assistant attire votre attention sur un article en particulier, qui décrit des travaux proches des vôtres. Après une discussion avec d’autres PDA, il a déjà récupéré pour vous un rapport technique pertinent depuis un site File Transfer Protocol (FTP), anticipant qu’il pourrait vous intéresser. »
Ce scénario ne date pas de 2025, mais de 1995. Il figure dans l’article fondateur Intelligent Agents : Theory and Practice, signé par Wooldridge et Jennings. Ce texte, cité plus de 12 000 fois sur Google Scholar, définit l’agent intelligent comme une entité dotée :
Autrement dit, un logiciel capable non seulement d’exécuter des tâches, mais aussi d’anticiper, de dialoguer et de coopérer dans un environnement distribué.
Cet imaginaire s’appuie sur des promesses techniques déjà esquissées, comme le Knowledge Navigator d’Apple (1987), cet assistant numérique dialoguant avec son utilisateur. En 1995, plusieurs projets prolongent cette ambition : au MIT, le projet Letizia explore une forme de navigation web assistée, et Microsoft tente d’humaniser l’ordinateur avec Bob. Dans le champ éducatif, AgentSheets ouvre la voie à des environnements multiagents interactifs.
Mais 1995, c’est aussi un moment charnière de la mondialisation. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) succède à l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (General Agreement on Tariffs and Trade, ou GATT). L’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) entre en vigueur. Le Marché commun du Sud (Mercosur) s’institutionnalise. Le G7 de Bruxelles consacre pour la première fois la « société de l’information ». L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) parle alors de « technoglobalisme » pour désigner l’interaction entre mondialisation économique et diffusion des technologies. Dans cette double dynamique – révolution numérique et accélération des flux mondiaux – l’agent intelligent s’impose comme la figure d’un futur du travail distribué, flexible et........





















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