En 2017, le documentaire À voix haute dévoile sur le grand écran les coulisses du concours de prise de parole Eloquentia qui se déroule chaque année à l'université Paris-VIII à Saint-Denis. La même année, le rappeur Kery James interprète, dans À vif, au théâtre du Rond-Point, à Paris, une joute verbale entre deux futurs avocats. Deux œuvres qui symbolisent une passion toute neuve, en France, pour les arts oratoires. Dans Retour à la parole (Actes Sud), Julien Barret analyse ce phénomène.

Marianne : Pourquoi parlez-vous de « retour de la parole » ?

Julien Barret : L'enseignement de l'art oratoire avait disparu en France au XXe siècle. Mais depuis 10-15 ans, on observe une mode du concours d'éloquence. Cela a démarré à Sciences Po Paris et HEC, autour de 2010-2011. Cela s’est ensuite exporté en banlieue, avec Eloquentia. Aujourd’hui, les concours d’éloquence sont présents partout, dans les associations et les entreprises. C’est comme cela que la mode de l'art oratoire est revenue.

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Il faudrait ajouter les pitchs dans les entreprises, le coaching des dirigeants et des entrepreneurs, les conférences TED, les lives sur les réseaux sociaux, les différents types de psychothérapies, mais aussi le retour du grand oral au bac, depuis 2021. En 1809, lors de la première édition du baccalauréat, sous Napoléon, toutes les épreuves étaient à l’oral.

Mais à la fin du XIXe siècle, l’enseignement de la rhétorique a été supprimé de l’école publique en France. On lui a substitué une classe de français où l’écrit prévalait, parce qu'il était synonyme de rationalité. L’oral, lui, renvoyait aux salons aristocratiques, aux prêches chrétiens ou à la fougue révolutionnaire. Ceux qui, comme moi, ont fréquenté l’école française à la fin du XXe siècle ont reçu un enseignement dépourvu d'art oratoire.

En quoi existe-t-il une continuité de la rhétorique antique aux concours d’éloquence ?

C'est la question que j'essaye de poser. Je ne suis pas sûr qu'il existe aujourd'hui une proximité entre la pratique de l'éloquence et la théorie de la rhétorique. Il y a d'une part les coachs qui........

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