L’industrie cotée de l’intelligence artificielle, presque exclusivement américaine, a-t-elle formé une bulle spéculative prête à imploser ? Et alors, pour quelles conséquences ? Économistes, technospécialistes, prospectivistes s’écharpent sur la probabilité et les échéances d’un tsunami boursier. Une telle perspective serait pourtant bienvenue. Car lorsque le ravin éthique s’enchâsse dans la démence économique, c’est l’assurance d’une dévastation.

L’IA promet simultanément l’espoir et l’enfer. L’espoir d’améliorer, lorsqu’elle cible l’humanité de l’individu et celle de la communauté des Hommes (science, recherche médicale, etc.) ; la certitude d’un enfer lorsque, affranchie de morale, elle s’écarte de l’objectif de bien commun. Lister les spectres occuperait toute la page. Un simple échantillon suffit. Destructions d’emplois – Amazon ou Meta engagés dans de vastes plans de réduction de postes en font eux-mêmes la démonstration – ; propagation d’écritures, d’images et de sons producteurs d’informations mensongères ; dictature algorithmique assurant l’embastillement des consciences, le cloisonnement des groupes sociaux et le fléchage consumériste ; assujettissement d’une jeunesse en construction de son émancipation mais livrée à l’aliénation et à la paresse ; compression des dispositions cognitives, intellectuelles, créatrices, émotionnelles, etc. Sur ces sujets, qu’elle provienne des sciences dures (neuroscience, neuropsychiatrie) ou humaines (sociologie, philosophie, linguistique) la documentation est copieusement étayée. Le questionnement éthique « intrinsèque » de l’IA est........

© Marianne