EXPERT INVITÉ. Un dimanche soir d’octobre 2024, Nicolas Duvernois a fait une chute dans les escaliers de sa propre maison. Pour le fondateur de Pur Vodka et de Romeo’s Gin — l’homme qui a transformé un emploi de concierge de nuit en un empire des spiritueux mondialement primé —, ce fut le déclic.

«Je perdais mon propre corps», dit-il. Pendant trois ans, il avait senti les signes avant-coureurs s’accumuler: concentration défaillante, idées qui se raréfiaient, irritabilité croissante. «Je n’étais pas cliniquement mort, mais humainement mort», conclut-il.

Le lendemain matin, il se réveille et trouve ses deux associés, Stéphane et Pier-Alexandre, à sa porte avec des croissants. Sa femme, Karolyne, les avait appelés.

«Je ne leur ai pas laissé l’occasion de me contredire», raconte-t-il. «J’ai tout de suite dit: « Vous n’avez rien à dire, c’est moi qui veux parler. » Et puis j’ai dit tout ce que j’avais sur le cœur, et j’ai annoncé que j’arrêtais de travailler. Ils étaient surpris. Ils m’ont demandé: « Quand ? » J’ai répondu: « Maintenant. »»

Ce moment a marqué le début d’un congé sabbatique de huit mois pour cet entrepreneur de 45 ans, et une remise en question profonde de ce qu’est vraiment le succès pour l’un des bâtisseurs d’entreprises les plus célèbres du Québec.

Trois ans avant sa chute, comme beaucoup d’entrepreneurs, il a surmonté la fatigue. Il dirigeait une entreprise en pleine croissance de 40 employés, tandis que le gin Romeo’s générait plus de 21 millions de dollars de ventes annuelles à la SAQ et s’étendait à l’international au Japon, en France, en Belgique et au Royaume-Uni.

Le problème n’était pas l’entreprise elle-même, qui affichait des chiffres florissants, mais son rôle au sein de celle-ci.

«Je suis un entrepreneur, pas un manager, et je me suis perdu en étant manager plutôt qu’entrepreneur», explique Nicolas Duvernois. «Mon rôle, c’est d’avoir des idées folles et de voir mon équipe protester qu’elle ne les réalisera jamais, jusqu’à ce que je les convainque qu’une idée sur mille est tout simplement géniale.»

Il décrit la réalité déchirante de ses jours avant la rupture.

«J’étais dans mon bureau en train de travailler sur un nouveau produit génial qu’on allait lancer, et là je regarde mon agenda et je me dis: « Oh, on a une réunion. » Je vais à une réunion, une réunion inutile — comme tant d’autres, vous voyez ce que je veux dire — et je me dis:........

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