Pourquoi il ne sera bientôt plus possible de créer un État palestinien
ANALYSE GÉOPOLITIQUE. La France, le Royaume-Uni puis le Canada. Le symbole est fort. Trois pays du G7, dont deux membres permanents du conseil de sécurité des Nations Unies, sont prêts à reconnaître l’État de Palestine. Si la création de cet État est essentielle à la survie à terme du peuple palestinien, la fenêtre d’opportunité pour y arriver se referme rapidement. En revanche, c’est encore possible d’y arriver, mais seulement si quatre conditions sont remplies.
Mais avant de les analyser, un survol historique s’impose. Une condition sine qua non afin de mieux comprendre la situation actuelle et de pouvoir anticiper les scénarios possibles pour l’avenir du Proche-Orient.
Déconstruisons d’abord deux mythes idéologiques tenaces que brandissent à la fois des extrémistes antisémites et anti-palestiniens.
Le premier mythe veut que la formation d’Israël (selon le plan de partage de l’ONU, en 1947) et la déclaration d’indépendance de l’État hébreu (en 1948) soient illégitimes, car il s’agirait d’un projet colonial.
Dans l’ouvrage collectif Israël. De Moïse aux accords d’Oslo (édition du Seuil, 1998), un groupe d’historiens soulignent qu’il y a eu des royaumes juifs dans cette région à partir du 11e siècle av. J.-C.
De plus, malgré l’expulsion des Juifs de Judée par les Romains au 2e siècle après J.-C. (Rome a par la suite dénommé cette province romaine Syrie-Palestine), il y a toujours eu une présence juive en Palestine, certes parfois minime, jusqu’en 1947.
La création de l’État d’Israël est donc légitime – contrairement à l’occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, depuis la guerre des Six Jours en 1967, qui est illégale selon l’ONU et le droit international.
Le deuxième mythe veut que le peuple palestinien n’existe pas vraiment et qu’il s’agisse avant tout d’Arabes qui habitent dans cette région du monde.
Ce discours non fondé vise à délégitimer la création d’un État palestinien, à Gaza et en Cisjordanie, comme le prévoyaient le plan de partage de l’ONU, en 1947, et les Accords d’Oslo, en 1993.
Dans les années 1990, ces accords ont été à la fois torpillés par les extrémistes religieux juifs – qui veulent créer le «Grand Israël», étendu à Gaza et à la Judée-Samarie biblique, soit la Cisjordanie – et par le Hamas, le groupe terroriste qui dirige Gaza depuis 2007 et qui veut détruire l’État d’Israël.
Or, dans Histoire de Gaza (édition Fayard, 2012), l’historien français Jean-Pierre Filiu........
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