Depuis la création de Santé Québec, je résiste à la tentation d’ajouter mon grain de sel au débat sur l’accessibilité. Le projet de Loi sur la rémunération des médecins m’en donne l’occasion. Je connais le système de santé de l’intérieur et je connais l’excellence des soins qu’il réussit à rendre accessibles. Cependant, je déplore comme plusieurs les problèmes que rencontre l’accessibilité dans son ensemble. Ce problème hante tous les gouvernements successifs qui n’ont pu miser sur l’inspiration que la création des CLSC procurait et qui n’ont pas encore réussi à maîtriser la complexité d’un système public de santé après toutes ces années.

N’oublions pas qu’il est en fait un écosystème qui n’échappe pas aux impératifs de la gestion de l’offre et de la demande. Le public et le privé qui le composent ne peuvent faire abstraction de cette réalité de marché dans la recherche de solutions permanentes aux problèmes d’accessibilité. En effet, nous oublions trop rapidement que nous bénéficions d’un régime de santé public et que par conséquent nous ne pouvons jouir d’une offre excédentaire comme le privé peut se le permettre. La demande excédentaire dans le public ne se gère pas en restreignant la demande comme on a voulu le faire dans le passé en proposant l’usage de coupons modérateurs ou en misant sur l’argent, elle se gère à l’aide de files d’attente dont le coût est mesuré en temps d’attente assumé par les usagers. Les files d’attente actuelles sont intolérables et coûteuses en termes de prévention, laquelle interpelle notamment la responsabilité citoyenne.

Ce partage étendu de la responsabilité collective est aussi essentiel dans la foulée des actions à entreprendre pour assurer une santé durable. De toute évidence, il faut remédier à la situation par une meilleure gestion à la fois de l’offre et de la demande. Le privé ne sera d’aucun secours dans cette démarche sinon d’ouvrir certaines fenêtres sur des pratiques gagnantes.

À mes yeux, la création de Santé Québec constitue plus un geste de clairvoyance qu’une énième réforme car elle permet de clarifier le........

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