En deuil de l’Amérique
Il paraît que nous serons de plus en plus nombreux à déserter les États-Unis au cours des prochains mois. Beaucoup de snowbirds, touchés par un des multiples décrets de Trump qui érigent une nouvelle tour de Babel en torpillant lois et institutions, devront redécouvrir leur pays qui est l’hiver, et sera bloqué aux frontières dites artificielles quiconque a contesté publiquement le nouveau régime.
« Sont passés du rêve au cauchemar » ceux et celles qui avaient fait des États-Unis un pays où il faisait bon passer ses vacances ou fréquenter l’école de ces « jeunes baby-boomers américains [qui] allaient créer un nouveau monde, pacifiste, plus juste » (Michel Labrecque, Le Devoir, le 24 mars 2025). Enfin, on comprend que quelqu’un qui a déjà vécu aux États-Unis, surtout pendant les derniers mois, ne veuille pas séjourner dans « un pays en déroute » où souffle « un vent de folie » (Armande Saint-Jean, Le Devoir, le 26 mars 2025).
Je connais peu les États-Unis. J’ai travaillé deux ans à Burlington, mais le Vermont, c’est presque le Québec (« C’est ce qu’on a de plus beau au Québec », disait Jean Éthier-Blais) ; je n’ai jamais fait, sauf avec Volkswagen Blues, la route jusqu’à la Californie, dont on disait que c’était le paradis retrouvé, là où le regard n’avait plus à choisir entre la mer, le désert et la montagne ; pendant plus de vingt ans, sur les plages de Cape Cod, j’ai entendu battre le cœur de l’été entre la mer et les dunes ; la seule fois où j’ai voulu fuir........
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