Le triangle cardinal, une mécanique stratégique invisible, mais décisive en politique
Au scrutin du 28 avril dernier, les libéraux fédéraux ont remporté des élections que plusieurs croyaient hors de leur portée avant la démission de Justin Trudeau. Mais derrière ce résultat se cache un mouvement stratégique parfaitement exécuté, incarné par leur nouveau chef, Mark Carney. Ancien gouverneur de deux grandes banques centrales, Carney n’était pas un candidat traditionnel. Pourtant, sa campagne a révélé une maîtrise exemplaire de la mécanique qui, depuis six décennies, structure toutes les grandes campagnes nord-américaines : le triangle cardinal.
Ce triangle articule toute stratégie gagnante autour de trois leviers : une idée forte (theming, issue), un cadrage politique clair (framing) et un tempo bien réglé (timing). Cette structure est apparue de manière emblématique lors du célèbre débat Kennedy-Nixon de 1960. Depuis, ses résonances se confirment, élection après élection. Cette méthode, parfois utilisée de façon instinctive, agit comme une architecture invisible, un squelette stratégique sur lequel repose toute campagne cohérente.
Le thème, d’abord, est le socle identitaire du candidat. C’est une idée simple, mais puissante, qui doit parler à l’époque. Kennedy incarne le renouveau. Reagan, la force retrouvée. Obama, l’espoir et le changement. Trump, en 2016, mobilise la nostalgie et la colère sous le slogan « Make America great again ».
Le thème n’est pas........
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