On a tous un K2 à gravir
Il y a des moments dans la vie où les astres s’alignent, comme si tous les éléments de notre quotidien s’étaient passé le mot pour que tout aille comme sur des roulettes. On se réjouit alors de cette conjonction de bonnes nouvelles exceptionnelle : une promotion, la guérison d’une vilaine tendinite, un beau bulletin pour le petit dernier qui peine d’habitude à répondre aux exigences scolaires, une offre d’achat acceptée, un renouveau amoureux. Bref, tout nous sourit.
À l’inverse, il arrive parfois — je dirais même plus souvent, selon ce qu’en révèlent mes statistiques personnelles — que tout fiche le camp au même moment. Un projet de réno qui s’avère beaucoup plus compliqué et coûteux, un contrat stimulant qui n’aura finalement pas lieu ou un être cher qui reçoit un diagnostic dévastateur. Qui plus est, ce genre d’affreuse concomitance arrive généralement dans une période déjà chargée, comme la rentrée scolaire, par exemple.
C’est ce qui m’arrive en ce moment. Depuis trois mois environ, le petit chemin vallonneux, parfois sinueux, que j’arpentais depuis plusieurs années, est devenu de plus en plus escarpé et pentu, jusqu’à me paraître aussi dangereux que l’ascension du K2. Évidemment, personne n’a jamais gravi cette montagne avant moi et personne ne peut donc guider mes pas. Je suis ma propre sherpa.
Plus je tente d’atteindre le sommet, plus l’oxygène se fait rare. Une pression constante et de plus en plus forte comprime ma cage thoracique. Je cherche........
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