L’érosion des garde-fous
La réunion de juillet du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) aurait pu passer inaperçue. Les marchés n’ont presque pas réagi, comme si rien ne s’était passé. Mais cette rencontre s’inscrivait dans un climat de tension entre les objectifs du gouvernement et le rôle traditionnellement indépendant de la Réserve fédérale. En appelant publiquement à une baisse rapide des taux d’intérêt, Donald Trump a tenté de brusquer l’agenda de Jerome Powell, patron de la Fed. Il a tenté de soumettre un pilier de la démocratie économique américaine à son plan économique. Ce faisant, il érode lentement les garde-fous conçus pour résister aux dérives du pouvoir.
Le rôle de la Fed n’est pas de plaire, mais de favoriser le plein-emploi, la stabilité des prix et des taux d’intérêt à long terme modérés aux États-Unis. Ni le président ni le Congrès ne peuvent lui dicter ses décisions monétaires. Pour illustrer cette indépendance et la légitimité démocratique de sa structure, prenons l’exemple du Federal Open Market Committee (FOMC), qui est l’un des organes clés de la Fed, responsable des décisions de politique monétaire, notamment sur le taux directeur, mais aussi pour les achats ou ventes d’actifs. En juillet, 9 de ses 11 membres ont voté pour le maintien des taux dans la fourchette de 4,25 % à 4,5 %, et ce, malgré les pressions politiques. Seuls deux gouverneurs ont plaidé pour une baisse. Powell, bien qu’au centre des attaques, n’est........
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