L’investissement responsable est mort, vive l’investissement responsable !
L’investissement responsable (IR) n’est plus un phénomène marginal. À l’échelle mondiale, les actifs sous gestion intégrant des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) atteignent quelque 120 000 milliards de dollars, selon les Principles for Responsible Investment, une initiative soutenue par les Nations unies. Derrière tous ses efforts pour se rendre là, l’IR traverse une phase de remise en question qui pourrait en compromettre les fondements, à moins que les acteurs de l’industrie ne répondent de manière crédible aux critiques, aux pressions politiques et aux défis techniques qui l’entourent.
Aux États-Unis, la montée du conservatisme économique a transformé les critères ESG en un champ de bataille idéologique. Plusieurs États républicains ont adopté des lois visant à en interdire ou restreindre l’usage dans la gestion des fonds publics, au nom d’un prétendu biais anticapitaliste. Des géants de la gestion d’actifs comme BlackRock, Vanguard ou State Street, autrefois des chefs de file en IR, adaptent désormais leur discours pour éviter les représailles.
Ce repli n’est pas sans conséquence, car il réduit l’élan réglementaire et freine la standardisation internationale. Les fonds ESG américains ont enregistré des sorties nettes de capitaux totalisant 13,3 milliards de dollars américains en 2023 et 19,6 milliards en 2024, selon Morningstar. Ce n’est........
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