Capital, géopolitique et rififi
Depuis quelques mois, un mouvement d’argent subtil, mais stratégique s’opère dans les flux de capitaux à l’échelle mondiale. Les grands investisseurs institutionnels, notamment les caisses de retraite et certains fonds souverains, rééquilibrent leurs portefeuilles en réduisant leur exposition aux marchés américains, au profit d’investissements plus locaux ou dirigés vers d’autres économies développées. Rien qu’en mai, les fonds d’actions américains ont subi des sorties nettes de près de 25 milliards de dollars américains, pendant que l’Europe attirait 21 milliards.
Ce phénomène coïncide avec un changement de ton politique à Washington depuis le début de l’année, marqué par la résurgence d’un protectionnisme agressif et une réaffirmation du pouvoir exécutif sur les questions commerciales. Mais est-ce vraiment une coïncidence ?
Les actions européennes affichaient une performance de 20 % depuis le début de l’année, contre à peine 2,7 % pour le S&P 500. Au Canada, le S&P/TSX Composite enregistrait un gain d’environ 8,5 %, porté en grande partie par la vigueur des titres aurifères et d’autres ressources naturelles.
Une large part de l’épargne institutionnelle mondiale était concentrée dans les actions américaines. Cette surpondération qui était un reflet de décennies de domination financière et technologique des États-Unis faisait consensus. Or, ce consensus semble aujourd’hui brisé. Mais est-ce que les récents mouvements de capitaux sont temporaires et opportuns ou........
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