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De ChatGPT à Jason Bourne

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15.07.2025

La notion d’externalisation de la pensée renvoie à une capacité propre à l’humain de s’appuyer sur la technique afin d’emmagasiner de l’information à l’extérieur de sa mémoire biologique. L’écriture en est un merveilleux exemple. Si l’externalisation de la pensée rend possible l’avènement de la société telle qu’on la connaît, elle n’est pas sans présenter son lot de risques.

Disons simplement qu’une dépendance croissante aux outils technologiques — pour nous souvenir des numéros de téléphone de nos amis, effectuer des calculs relativement simples, retrouver le chemin conduisant chez notre mère, rédiger nos vœux d’anniversaire, ou pour nous souvenir d’une quantité sans cesse grandissante de mots de passe — peut conduire à simplement négliger d’entraîner les facultés mentales qui sont censées réaliser ces opérations de base. La commercialisation des GPS, qui nous permettent de nous rendre à destination sans avoir la moindre connaissance du chemin à prendre, fait en sorte que, lors de la plupart de nos déplacements, nous suivons aveuglément une ligne sur un écran.

Cette tendance étrange se nomme « biais d’automatisation », et conduit parfois les individus à privilégier les recommandations de systèmes automatisés au détriment de leurs propres jugements et observations. Des avions de ligne s’écrasent parfois du fait de l’incidence de ce biais cognitif sur la prise de décision chez des pilotes.

Un jour, alors que j’étais dans une salle de classe, expliquant le lien entre le concept d’externalisation de la pensée et le biais d’automatisation à mes étudiants et étudiantes, une élève peu motivée, émergeant douloureusement de son demi-sommeil, s’empara de son téléphone portable qui traînait sur la table afin de prendre en photo l’information se trouvant au tableau — mes cours sont sans doute d’un ennui........

© Le Devoir