Trois chanteurs, un écrivain, et ce que nous dit l’«effet Crémazie»
Les funérailles nationales proposées par le gouvernement pour honorer la mémoire de Serge Fiori, alors qu’il vient tout juste de les refuser à Victor-Lévy Beaulieu, en disent long sur notre rapport à la culture. La culture québécoise, aux yeux de bien des gens, dont les membres de l’actuel gouvernement, se manifeste bien davantage par la chanson que par la littérature.
Si l’on considère les funérailles et hommages nationaux, avec l’apport de Serge Fiori, la chanson constituera l’une des catégories de défunts honorés les mieux représentées : 4 sur 23 (outre le susnommé, Jean-Pierre Ferland, Karl Tremblay et l’impresario René Angélil) ; devant les sportifs et apparentés (deux hockeyeurs et un commentateur sportif), ainsi que les cinéastes et les peintres (2 chacun), mais loin derrière les personnalités politiques (7 sur 23). Dans le même temps, de tels hommages funéraires n’ont honoré qu’un intellectuel (l’historien Lionel Groulx) et un écrivain (le poète Gaston Miron).
Les résultats de cette recension sommaire ne sont guère surprenants. C’est la conséquence, entre autres, de ce que j’ai appelé ailleurs (dans Alain Grandbois est-il un écrivain québécois ?, Fides, 2012) l’« effet Crémazie », que l’on peut résumer un peu cavalièrement en disant que cette station de métro n’honore pas le nom de l’auteur du poème « Le drapeau de Carillon », mais que c’est plutôt ce dernier qui porte — étonnamment — le........
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