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Dans le cœur des gens

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22.07.2025

Dans mon travail, j’ai accès, ô grand privilège, au cœur des gens. Une fois la confiance installée, les premières épreuves relationnelles traversées, le masque laissé près du parapluie sur la patère de l’entrée, on me dévoile ce qu’il y a sous les apparences, sous les performances, sous toutes ces postures tenues dans le grand monde.

Quand la magie opère, alors, il arrive qu’on pleure, qu’on rage, qu’on se braque, qu’on s’écroule, qu’on se déteste puis, qu’au détour de toute cette tempête de soi, on soit soudain saisi par cette conscience qui nous rend « témoins de qui nous sommes ». Comme si nous faisions enfin la rencontre de cette petite personne qu’on essaie de libérer, mais qui essaie de vivre dessous des couches de protection.

Quand cela arrive, on fait silence, parfois de longues minutes, pour laisser agir les ingrédients de la transformation. Il arrive qu’on pleure différemment, de pleurs qui viendraient comme enrober de vérité ce moment de bascule en nous, qui marqueraient la fin des persévérances inutiles, le début d’un élargissement de la conscience de soi.

Dans ce lieu sacré, protégé, j’ai remarqué que l’empathie pouvait devenir expansive, englober des manières de vivre qui n’auraient pas été acceptables au-dehors, mais qui, en ce lieu et en ce lieu seul, deviennent compréhensibles. Pourquoi ? Parce que les comportements se révèlent avec une intention de mieux comprendre, avec une mise en questionnement du sens derrière les gestes, avec un désir de retournement de l’acte en son envers, avec un recul sur soi et non une affirmation répétée de sa légitimité.

C’est cette manière d’aborder les choses qui permet d’avancer : se remettre en question, dire qu’on n’a pas eu raison, et même, surtout, reconnaître qu’on a pu causer du tort. C’est ce qui permet, entre autres, la maturité.

Comme la grande........

© Le Devoir