menu_open Columnists
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close

N’évoque plus que le désenchantement de ta nation, mon si pauvre Lévis

5 0
15.06.2025

« Pour qui et pour quoi donc croyez-vous que j’écris ? Pour l’unique raison que le pouvoir des mots peut parler aussi fort que le pouvoir du politique et qu’il entre dans mes ambitions de me l’approprier. » — Victor-Lévy Beaulieu, Satan Belhumeur (1981)

Quand on vient du Bas-du-Fleuve, on connaît sa cachette, à l’ermite. Son domaine est situé derrière un panneau réclame de la Fromagerie des Basques, mais quand on arrive de Montréal, on le rate à coup sûr. Sa maison nichée dans son bois sacré, avec sa ménagerie et son vieux char, on dirait qu’on ne peut les apercevoir qu’en quittant la région, comme si l’ermite se refusait aux regards des touristes, mais surveillait les enfants qui quittaient ses terres pour aller rejoindre la grande ville.

Du moins, c’est comme ça que moi, j’ai toujours eu l’impression de le trahir en quittant Rimouski pour Montréal, au début des années 2000. Victor-Lévy Beaulieu, à cette époque, était déjà une légende pour toutes les jeunes plumes qui scribouillaient autour de moi, ne serait-ce que par l’ampleur de son œuvre, mais aussi par son côté indomptable. On avait littéralement peur d’aller lui parler au Salon du livre, tellement il en jetait. Ça m’a pris tout mon petit change pour avoir le courage d’aller finalement à sa rencontre, le 1er juillet 2006, afin d’enregistrer un entretien d’une heure pour la radio CIBL à propos de son essai hilare sur James Joyce. Et depuis, chaque fois que je publiais un nouveau livre, je passais le........

© Le Devoir