Une «bonne gestion» qui n’a rien de responsable
Monsieur le Ministre, je vous entendais dernièrement justifier dans une entrevue radiophonique la nécessité des coupes supplémentaires — de plus d’un demi-milliard — de votre gouvernement en éducation.
Monsieur Drainville, il faut vous reconnaître un talent certain pour savoir présenter l’odieux avec une assurance si tranquille qu’on pourrait bien se contenter d’une livraison de fil à pêche pour réparer nos gymnases.
Ce que votre sang-froid évoque cependant, c’est que vous n’avez aucune idée des conséquences de vos décisions sur le terrain, ni sur les élèves ni sur les gens œuvrant auprès d’eux. Et de l’ignorance manifeste à l’aveuglement volontaire, il n’y a qu’un pas que votre ambition politique semble nous autoriser à faire.
Lorsque vous affirmez que vous « ne sous-estimez pas les impacts dans les écoles » et que vous « faites ça pour les enfants », vous jetez sur la noblesse de votre fonction un voile d’hypocrisie qui fait honte à l’idéal de l’éducation québécoise. Car, comme vous l’avez bien compris de par votre « longue expérience », les humeurs de la population évoluent, et vous aurez le temps de regagner la confiance de vos électeurs. L’hécatombe sera derrière vous et votre carrière, elle, avancera. Votre véritable compétence se mesurera alors à votre aptitude à faire oublier vos méfaits.
Mais sur le terrain, tout en bas, « ceux qui chialent », qui refusent votre discours cynique sur « l’importance de respecter le budget », sur le fait qu’il ne s’agit que « d’une diminution de croissance »,........
© Le Devoir
