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Trois hirondelles et une coupe de champagne font l’hommage à VLB

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04.09.2025

Trois-Pistoles, le 30 août 2025. Il est 14 h 40, vingt minutes avant le lancement de la cérémonie. Richard Séguin sort son couteau et tranche une pomme de saison en quatre sans en retirer le cœur. Il me tend le premier quart d’un geste de partage qu’on dirait appris des frères et sœurs de Mani-Utenam. Il tend l’autre à mon ami Eudore Belzile. Il répète le geste pour sa Marthe et croque dans le dernier quart pour nous montrer comment faire. Puis on reste là, en communion, dans la sacristie faisant office de loge de notre magnifique église Notre-Dame-des-Neiges de Trois-Pistoles, à savourer l’automne qui approche, dans un bref moment régional, néorural même, si je suis le plus jeune des quatre.

Quelle âme, ce Richard ! Un vrai, comme le répétera Dominic Champagne à plusieurs reprises. Je ne pourrais être plus d’accord, ainsi que tous ceux qui connaissent les sentiers de traverse de la Grande Nuit de la poésie de Saint-Venant-de-Paquette.

Depuis 14 h, le metteur en scène et réviseur des textes des funérailles régionales populaires de Victor-Lévy Beaulieu coupe son collage d’extraits et d’hommages. La (seule) répétition du matin avec ce très impressionnant chœur de comédiens ayant finalement réussi à le convaincre qu’il avait plus de trois heures de spectacle entre les mains. Le lendemain, il me dira : « Ma blonde le sait, je fais tout le temps ça, c’est-à-dire que j’endure la chaleur jusqu’à très tard dans le processus, pour faire les meilleurs choix. »

Les notes de jeu et les coupures s’enchaînent, font place aux anecdotes personnelles et aux missives qui s’échangent de part et d’autre de cette tablée de maîtres de l’art théâtral. Le grand manitou s’assoit et se lève, bras croisés, poing devant, armé d’un crayon-feutre bleu qu’il agite comme une baguette de direction, comme s’il réécrivait ses partitions, en lecture à vue, en s’appuyant sur ce que le groupe a de mieux à offrir aujourd’hui, maintenant. Heureux ceux qui ont connu cet avant-spectacle pour le moins énergique, entre poigne de fer et coups de scie à chaîne ; le cœur et la tête à la bonne place, tous, mais vraiment tout un chacun au service de l’œuvre.

Je prends une dernière bouchée, puis je me lève. Je répète la séquence d’entrée de Richard dans l’église avec Marthe et je lance mon cœur, de pomme, dans le bac à compostage. Ce ne doit pas toujours être facile........

© Le Devoir