Québec, ville horizon
« Le mythe est un outil qui façonne l’esprit », a écrit Joseph Campbell. Jusqu’à tout récemment, ces vues vers l’horizon qu’on pensait imprenables, voire patrimoniales, sont devenues l’enjeu majeur des prochaines années en aménagement du territoire à Québec. C’était prévisible. Ne citons que l’exemple du projet de l’îlot Dorchester qui, en raison de gabarits démesurés, ressemblera à une « dodue baleine » échouée au pied de la falaise nord des quartiers centraux, avec ou sans tour de 20 étages. Perte d’horizon à perpétuité : horizon livré au privé.
Rien de mieux pour retrouver la « raison » qu’une promenade en forêt, le long de la falaise, côté sud, face au fleuve, comme côté nord, vers la vallée et les montagnes. À Québec, après la revitalisation de la rivière Saint-Charles et la promenade Samuel-De Champlain (6,8 km), au pied de la falaise sud, il ne reste qu’à revitaliser la falaise nord des quartiers centraux. On peut déjà s’y promener ou gravir cette « coulée verte » de plusieurs kilomètres grâce aux nombreux escaliers qui la tranchent.
« La ville s’endormait, j’en oublie le nom, sur le fleuve en amont, un coin de ciel brûlait… » Ces mots remplis de poésie chantés par Jacques Brel illustrent bien ce que deviennent les percées visuelles de la ville, le soir venu, aux couchers du soleil. Chaque rue — en haut de la falaise — a droit à son « vitrail » coloré d’un peu de pourpre, d’orangé et de jaune, étiolements du soleil venu se fondre, au loin, au-dessus........
© Le Devoir
