Secrets révélés
Je me demande parfois si les gens qui rêvent de publier un livre — ils sont nombreux — fantasment sur l’acte d’écrire ou sur le fait d’être lus. Entre ces deux temps forts, avant qu’un manuscrit ne devienne livre, le texte passe du temps dans le giron de la maison d’édition, et c’est dans ce cocon, entre des mains exigeantes et bienveillantes, qu’il sera façonné.
On tend à confondre le travail d’éditeur et celui de directeur littéraire, mais si le travail sur le texte est central dans le processus éditorial, toute une trajectoire s’accomplit depuis le moment où quelque chose se met à palpiter à la lecture d’un manuscrit. Depuis deux ans et demi, je pratique le métier d’éditrice. Pour l’autrice que je suis, ce fut d’abord quelque chose comme une très satisfaisante traversée du miroir. De l’étincelle de départ à l’envoi sous presse, les étapes à franchir sont nombreuses.
D’abord, il faut rallier les collègues du comité éditorial ; ensuite, produire un devis, choisir un format, un type de papier, déterminer les paramètres physiques de l’objet-livre ; travailler sur le texte avec l’auteur, le faire réviser ; prendre des décisions sur la mise en page, la typo, etc., puis confier cette version à un graphiste qui coulera le texte dans la maquette et en fera la mise en page ; vérifier et faire corriger les épreuves, concevoir la page couverture avec l’aide d’un graphiste et de la directrice artistique… Dans le cas des albums pour enfants, s’ajoutent à ces étapes le travail avec l’illustrateur, les études de personnages, d’esquisses, de choix........
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