Mépriser le mépris
« J’espère que Greta et ses amis savent nager », a lancé en gazouillis le sénateur républicain Lindsey Graham à l’annonce du départ de Greta Thunberg sur une flottille apportant du lait et des barres protéinées à Gaza. Depuis un bureau du Sénat en bois de madère, en sirotant un bon café chaud, un homme de 69 ans a ironisé sur la mort possible d’une femme de 22 ans qui souhaite nourrir une population affamée.
Cette citation devient encore plus morbide lorsqu’on apprend que le bateau devant initialement amener l’activiste climatique en mai dernier aurait été attaqué par des drones israéliens et a dû faire marche arrière. Les Forces de défense israéliennes ont confirmé qu’elles surveillaient la nouvelle embarcation parce qu’elle défie le blocus israélien sur la nourriture qui entre dans l’enclave bombardée.
Une journaliste indépendante états-unienne a ajouté qu’elle espérait que le Hamas recevrait Greta Thunberg « comme le groupe accueille tous ses otages » et qu’il « l’emmènerait dans le tunnel où ils les gardent prisonniers ». Un commentaire appelant de manière à peine voilée à un attentat à l’intégrité physique d’une jeune femme. Ce type de mépris dépasse la simple différence d’opinions.
Albert Camus prévenait avec force, notamment dans L’homme révolté, que toute forme de mépris, s’il intervient en politique, prépare ou instaure le fascisme. L’atmosphère générale que je ressens tous les jours, beaucoup plus que n’importe quelle analyse politique, me........
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